On regroupe sous le terme d’estampe, différentes productions artistiques obtenues par impression d’une ou plusieurs matrices :
La taille d’épargne : xylographie et linogravure
La taille directe : pointe sèche, burin…
L’eau-forte
La lithographie
Les gravures réalisées par les membres du groupe Impression Expression sont tirées sur papier, en nombre limité et numérotées selon les règles de la gravure originale.
L’impression en relief ou taille d’épargne
La xylographie (de xulon = bois)
C’est la plus ancienne des techniques de gravure, connue en Chine depuis le 1er siècle de notre ère.
Le dessin est préparé sur un bloc de bois qui sera creusé à la gouge ou au ciseau, en évidant toutes les zones devant rester blanches. Comme sur un tampon, toutes les parties imprimées seront en relief.
Le bois sera alors encré au rouleau avant qu’on applique dessus une feuille légèrement humide.
La pression se fera à la main avec une cuiller, un baren (sorte de bouchon de ficelle et de roseau japonais) pour tamponner le revers de la feuille ou le plus souvent en atelier sous une presse.
Pour obtenir une polychromie, il faudra réaliser autant de matrices que de couleurs souhaitées.
La linogravure
Le principe est le même que pour la xylographie mais le support est plus tendre.
Le linoléum s’entaille avec un canif, avec des gouges et permet plus de souplesse dans la forme mais, plus fragile, il a le désavantage de ne permettre qu’un nombre assez limité de tirages.
Ces deux techniques valent essentiellement pour le jeu contrasté et parfois violent des noirs et des blancs. Les artistes tenant de l’Expressionnisme à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème ont largement utilisé la taille d’épargne pour des effets dramatiques.
L’impression en creux
La taille directe : pointe sèche
Le procédé apparaît au milieu du 16ème siècle.
Sur une plaque métallique (cuivre, zinc ou acier), l’artiste creuse des entailles à l’aide de tiges aiguisées appelées « pointes sèches » ou au moyen de tout ustensile permettant d’inciser, de griffer, de déchirer plus ou moins profondément le métal. Sur le bord des incisions apparaissent des « barbes » de métal qui vont retenir l’encre et donner un aspect velouté au moment de l’impression. Pour un trait plus net, plus sec, il suffit de les faire disparaître avec la lame d’un outil appelé « ébarboir ».
L’encrage se fait avec un tampon de cuir ou une « poupée » de tarlatane qui va permettre de remplir les creux.
Vient l’essuyage, plus ou moins poussé, plus ou moins régulier, suivant les effets souhaités (contrastés, nuancés…), avec un chiffon de tarlatane dans un premier temps puis avec des morceaux de papier sec.
L’impression se fait sur une presse à deux rouleaux entre lesquels avance un plateau (ou table) portant la plaque recouverte d’un papier préalablement humidifié. Des feutres, appelés « langes », glissés entre le rouleau supérieur et le papier aident à faire pénétrer la feuille dans les tailles de la plaque pour aller « chercher l’encre ».
Actuellement, d’autres matériaux tels que le plexiglas, le plastique, l’inox… sont utilisés par les artistes et les instruments d’entaille sont très variés de l’abrasif à la perceuse !
L’impression en creux après morsure à l’acide
L’eau-forte
Apparue au début du 16ème siècle, c’est une gravure en creux indirecte puisque le travail d’entaille de la plaque est fait, non plus directement par la main du graveur mais par la morsure de l’acide.
L’artiste passe au pinceau une fine couche de vernis sur la plaque métallique (cuivre ou zinc) et laisse sécher. Il dessine alors librement avec une pointe, mettant à nu le métal sous son trait.
La plaque, revers protégé, est ensuite plongée dans un bain d’acide nitrique ou perchlorique (l’eau-forte) pour une attaque plus ou moins longue suivant la profondeur souhaitée et l’intensité des noirs escomptée.
La plaque mordue est débarrassée de son vernis pour être encrée, essuyée et posée sur le plateau de la presse à rouleaux où l’on retrouve le processus d’impression déjà vu avec la taille directe.
Cette technique présente l’avantage de permettre un trait plus proche du dessin, plus lisse et plus souple puisque l’artiste ne se trouve pas directement confronté à la résistance du métal.
Lors de l’encrage, l’artiste peut choisir d’utiliser des encres de couleurs différentes pour obtenir une certaine polychromie en un seul passage. Il peut aussi combiner plusieurs procédés mélangeant taille directe et eau-forte.
L’impression en creux après morsure à l’acide : les dérivés de l’eau-forte
Le vernis mou
Ce procédé permet de prendre des empreintes de végétaux, de dentelles, de plumes etc.
Une couche de vernis tendre ayant été répandue sur la plaque chaude, on pose dessus les objets dont on veut garder la trace puis on passe l’ensemble sous presse. Sous la pression, les objets s’enfoncent dans le vernis jusqu’à venir en contact avec la plaque métallique.
Quand on les a retirés délicatement, leur passage a mis à nu le métal et l’on procède à l’acidification comme pour une eau-forte ordinaire.
L’aquatinte
Autre technique d’eau-forte apparue au 18ème siècle, l’aquatinte permet d’obtenir, non plus des traits, mais des surfaces nuancées du gris clair au noir profond à la manière d’un lavis.
On saupoudre des grains de résine de colophane qui, chauffés, viendront à fondre et à adhérer à la surface du métal. Quand la plaque sera plongée dans l’acide, la morsure se fera autour de chaque petit grain, établissant un réseau de trous microscopiques.
Au sortir du bain acide, la résine est dissoute à l’alcool et l’encrage peut commencer en vue du tirage sous la presse.
La gravure au sucre
Cette autre variante de l’eau-forte permet des effets de traces de pinceau.
On répand au pinceau sur la plaque métallique une solution de sucre et d’encre de Chine puis on couvre de vernis. Sous l’eau chaude, on fait fondre le mélange sucré, mettant ainsi à nu la plaque sous les traces de pinceau.
Avant de pratiquer l’acidification de la plaque, on procède généralement à un saupoudrage de résine pour aquatinte
L’encrage et l’impression se font selon le processus de l’eau-forte.
L’impression à plat
La lithographie (de lithos = pierre)
Ce procédé d’impression inventé à la fin du 18ème siècle est basé sur le principe de la répulsion des corps gras par une surface humide. Aucun creux, aucun relief, l’artiste dessine sur une pierre calcaire préalablement « grenée » (ou poncée) à l’aide de sables abrasifs de plus en plus fins.
Le dessin se fait au crayon gras ou avec une encre lithographique très grasse. Plumes, pinceaux, lames pour un grattage de surface… peuvent être utilisés à ce stade.
Ensuite, une solution acide à base de gomme arabique et d’acide nitrique est passée à la brosse sur le dessin pour le fixer et rendre plus perméables les parties de la pierre restées nues. La surface est alors nettoyée à l’essence de térébenthine et humidifiée à l’eau claire.
L’encrage de la pierre se fait au rouleau avec une encre d’imprimerie qui adhère aux parties grasses du dessin mais se trouve repoussée dans les zones vierges de la pierre.
Le tirage peut s’opérer sur papier non acide avec une presse lithographique à chariot permettant une forte pression sous le « râteau », barre de bois gainée de cuir ou de caoutchouc.
La pierre doit être ensuite mouillée et encrée à chaque tirage, sans jamais sécher !
Pour une impression en couleurs, il faudra autant de pierres et de passages que de couleurs souhaitées.
Ce type d’impression permet des tirages en nombre assez important.
